L'évolution socio-culturelle du Burkina Faso

2.1. L'évolution sur le plan éducatif

Les premières écoles ouvertes furent des "écoles de poste" ont été faites dans des localités abritant des détachements militaires des troupes coloniales françaises dès leur installation. Ces écoles étaient dirigées par les militaires avec l'aide de quelques interprètes locaux. Par exemple les écoles dites indigènes de Bobo Bobo-Dioulasso et de Boromo puis celui de Ouagadougou en Avril 1899. Ce fut également le cas dans les localités comme Léo et Koury en 1900, Dori en 1901, Gaoua en 1902, Tenkodogo en 1903...

L'arrivée d'un personnel enseignant qualifié entraînant la disparition progressive des « écoles de poste » au profit des écoles de villages et des écoles régionales. Bobo-Dioulasso, Ouagadougou, Ouahigouya, Boromo et Banfora reçurent leurs premiers enseignants européens respectivement à partir de 1904, 1907, 1911 et 1913. A sa suppression, la colonie comptait 04 écoles régionales à Ouagadougou, Bobo, Dédougou, Dori, 02 écoles de village à deux classes à Koudougou et Ouahigouya et 11 écoles de villages à une classe dans des localités comme Tenkodogo, Kaya, Banfora...

La suppression de la colonie impacta négativement l'œuvre de scolarisation comme le cas de l'école primaire supérieure de Ouagadougou qui fut fermée.

A sa reconstitution en 1947, la colonie récupéra 79 écoles primaires mixtes dont 20 privées, 10 écoles filles dont 07 privées, 03 écoles modernes et 03 cours normaux dont 01 privée. Ses 8 355 élèves au total ne représentaient que 2% du taux de scolarité. Des efforts de scolarisation furent poursuivis pour doter la colonie en 1948 de 63 écoles publiques et 22 privées, puis en 1960 de 224 écoles publics et 130 écoles privées dont de cours normaux après Toussiana et Koudougou (1944 et 1945), à Ouahigouya (1948) et à Ouagadougou qui formaient sur place des enseignants voltaïques.

L'héritage scolaire de la Haute-Volta coloniale était essentiellement constitué d'écoles primaires qui conduisaient les élèves du cours préparatoire au cours moyen où ils étaient soumis à l'examen du CEPE et au concours d'entrée dans les écoles fédérales.

2.2. L'évolution sur le plan religieux

L'entrée du christianisme en Haute-Volta date de 1900 avec l'installation des premiers missionnaires catholiques à Koupéla avec les Pères Blancs du cardinal Lavigerie. La progression de l'évangélisation fut entreprise par l'ouverture de missions à Bondoukui (pays Bwaba) en 1912, puis à Toma (pays samo) en 1913, comme des relais de la mission catholique de Ségou (Soudan Français). Les missionnaires catholiques installés dans la colonie s'intéressèrent à l'école comme moyen d'éducation et d'évangélisation à l'exemple des Pères Blancs qui créèrent une école à Koupéla dès 1900. Le catholicisme connut cependant une mise à mal de son avancée dans la boucle du Mouhoun avec la révolte des peuples Bwa, San et Marka entre 1915-1916.

Les missionnaires évangéliques américains s'installèrent dans le Mogho dès 1921 : les Assemblées de Dieu, des pentecôtistes et l'Alliance chrétienne missionnaire à Bobo en 1923 et à Fada N'Gourma en 1930. La First Baptist Church s'installa en 1939 dans le quartier Saint-Léon de Ouagadougou grâce à la communauté Yoruba. Le foisonnement des églises protestantes inquiéta l'autorité coloniale qui se rapprocha de l'église catholique pour combattre les missionnaires américains qu'elle considérait comme des espions à la solde des États-Unis. C'est la pratique dite des" politiques religieuses".

Toutes ces missions catholiques et protestantes ont créé de l'engouement au sein de la population grâce à la mise en place de multiples œuvres sociales  comme les écoles, les orphelinats, les centres d'apprentissage de métiers (couture, maçonnerie, soudure mécanique, maraîcher culture, embouche...). Elles devinrent alors des partenaires privilégiés de l'autorité coloniale.