Cours de Philosophie/Terminale A : L'Art

Clarification conceptuelle

DéfinitionQu'est-ce que l'art ?

Dans son acception latine, ars se réfère à l'habileté acquise, se distinguant de l'habileté naturelle. L'art renvoie également au terme technè, c'est-à-dire le savoir-faire, les techniques. L'art peut donc désigner aussi bien un talent, celui avec lequel on réalise une œuvre ou un objectif (l'art de plaire, par exemple), qu'un savoir-faire acquis et appliqué. En fait, on peut distinguer l'art de l'artisanat. Ce qui réunit l'art de l'artisanat, c'est qu'ils sont des activités créatrices. Les arts en général produisent quelque chose. Ce qui les distingue, c'est que l'artisanat vise à produire des choses utiles à notre existence alors que les arts cherchent à produire des choses belles. Donc, pour comprendre ce qu'est l'art, il faut distinguer nettement la beauté et l'utilité. Quant à l'art assimilé aux beaux-arts, il semble se distinguer dans sa finalité, à savoir la recherche de la beauté. Comme le définit Lalande (1867-1963): « L'art est la production du beau par les œuvres d'un être conscient ». C'est alors le propre de l'artiste, mais encore faut-il définir ce qu'on entend par beauté. Autrement dit, comment parvenons-nous à considérer un objet comme beau ?

DéfinitionQu'est-ce que le beau ?

S’intéresser au beau, revient à s'interroger sur les caractères universels et nécessaires qui constituent l'essence de la beauté. Un être vivant ou un objet sont jugés beaux quand ils portent à un haut degré leurs qualités intrinsèques. Mais le beau est aussi ce qui fait naître un sentiment particulier, dit « esthétique ». Des règles et des idéaux ont pu être formulés dans le domaine des beaux-arts, pour produire une définition objective du beau. Mais la modernité a appréhendé cette notion à travers l'expérience subjective. C'est ainsi que Kant (1724-1804) définit le beau comme « ce qui plaît universellement sans concept ». Il souligne le fondement subjectif du beau, tout en le distinguant de l'agréable, qui renvoie à un intérêt. En effet, nos jugements de beau sont multiples, ils portent sur des hommes, la nature, des objets, des divinités. La beauté peut donc être présente partout, sans une certaine forme, érigée en norme, qui serait un modèle universelle.

DéfinitionQu'est-ce que le goût?

Le goût est la faculté de juger ou d'apprécier les choses. Ce jugement peut varier d'un individu à un autre. Par exemple Pierre peut trouver la fille du jardinier belle et Paul va la trouver laide. Comme le dit l'adage : «des goûts et couleurs, on n'en discute pas ». En clair, le jugement de goût est subjectif et relatif. Chacun juge ou apprécie en fonction de ses désirs et de ses intérêts. Selon Lucrèce (94-54 av. J.C.), le passionné ne juge pas son objet de passion comme tout le monde, il lui attribue des mérites qu'il n'a pas. Avec l'aveuglement de la passion amoureuse : « un teint noir a la couleur du miel ; une personne malpropre et puante est une beauté négligée ; (...) ; la femme colosse est la majesté en personne, fait pour imposer aux regards. » Autrement dit, nos jugements sont très souvent intéressés. Cependant, Kant soutient que le jugement de goût est pur de tout intérêt. Comme il le souligne : « Le goût est la faculté de juger d'un objet ou d'une représentation par une satisfaction dégagée de tout intérêt. L'objet d'une semblable satisfaction s'appelle beau. » Le jugement de goût est donc un jugement désintéressé qui porte sur le beau. Le sentiment esthétique est une forme d'émotion ou de plaisir suscitée par le beau, qu'il s'agisse du beau naturel ou du beau artistique. Ce sentiment est subjectif mais conduit cependant à former des jugements, dits jugements de goût, c'est-à-dire à affirmer que telle chose est belle comme s'il s'agissait d'une opération de l'entendement, d'un jugement fondé sur des concepts, alors qu'il n'en est rien. À la différence du goût au sens de préférence personnelle pour une chose agréable, le goût ainsi affirmé s'accompagne de la certitude d'être le « bon » goût, de devoir être également valable pour autrui. Quand je déclare que le tableau de Picasso est beau j'attribue ce jugement aux autres et j'invite tout le monde à s'accorder avec moi sur la beauté du tableau. Le beau nous dit Kant, « est ce qui est représenté, sans concept, comme l'objet d'une satisfaction universelle. » Le beau est ce qui plaît universellement sans concept. On l'aura compris, le jugement de goût est un jugement subjectif qui se veut objectif et universel.

DéfinitionL'Esthétique

L'esthétique désigne de façon courante le discours savant sur l'art, les connaissances sur l'art. Plus rigoureusement, ce terme réunit théorie de l'art et théorie de la sensibilité. Kant applique ce terme au jugement d'appréciation du beau. En effet, c'est le sentiment subjectif qui justifie que l'on juge beau un objet de l'art ou de la nature. L'étude du beau passe donc par celle de la sensibilité. Les limites de cette approche sont mises en évidence par l'Esthétique de Hegel, pour qui la science du beau doit avant tout être l'étude des œuvres, dans le but d'en saisir la signification spirituelle.

DéfinitionLe Génie

Faculté créatrice proprement dite, le génie se distingue du simple talent en ce que celui-ci consiste, dans le domaine des arts, à faire ce que d'autres pourraient faire également. Le talent propre du génie est la capacité d'innover, d'inventer. C'est pourquoi il est irréductible à tout apprentissage et peut être considéré comme un don. Le rejet moral de cette notion, qui postule une inégalité entre les individus, a abouti, d'une part à lui conférer une certaine illégitimité, d'autre part à vouloir l'expliquer de manière quelquefois réductrice. Nietzsche (1844-1900) cependant, le considère comme une certaine qualité de la volonté. Il l'explique en lui reconnaissant son caractère exceptionnel comme le fruit d'un long processus.

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