Cours de Philosophie/Terminale A : Le Bonheur

Le bonheur dérive du latin ‘'augurium'' qui signifie ‘'augure'' qui renvoie à ‘'chance''. Si l'on s'attache à l'étymologie du mot, on s'aperçoit que le bonheur est lié au hasard, à la chance. Bonheur signifie en effet ‘'bon - heur'' ou ‘'heur - bon''. C'est le bon augure, le présage favorable, la bonne fortune, la chance. Le bonheur ou le malheur est alors quelque chose qui nous échoit, qui arrive sans qu'on s'y attende. C'est quelque chose qui vient de l'extérieur sans qu'on l'ait voulu, mérité ou cherché. C'est un bonheur subordonné à des circonstances et à des événements sur lesquels nous n'avons aucune prise. De ce fait, il est précaire et du même coup échappe à toute tentative de maîtrise. Cette perception du bonheur pose problème dans la mesure où le bonheur est souvent défini comme étant un état durable de satisfaction en opposition au plaisir ou à la joie qui sont éphémères. Ensuite ‘'bon'' dans ‘'bonheur'' suggère l'idée d'un bien ; mais quelle est la nature de ce bien ? S'agit-il de l'agréable ou du bien moral ?

Selon Lalande (1867-1963): « le bonheur est un état de satisfaction complète qui remplit toute la conscience ». Il est spécifiquement humain et se distingue du plaisir qui est incomplet. Le bonheur est donc selon la philosophie classique, un état de satisfaction complète de toutes les tendances humaines. C'est un état de complétude continue qui se manifeste par le fait que le sujet a accompli l'ensemble de ses potentialités. A ce propos Emmanuel Kant (1724-1804) affirme : « le bonheur est la satisfaction de toutes nos inclinations tant en extension c'est-à-dire en multiplicité, qu'en intensité c'est-à-dire en degré et en propension c'est-à-dire en durée ». Le bonheur signifie donc ‘‘l'état de complète satisfaction de tous nos penchants'' et renvoie à une manière d'être qui épanouit en profondeur la subjectivité indépendamment des circonstances.

Dans le langage ordinaire, certaines expressions sont utilisées pour traiter du ‘'bonheur''. Nous parlons parfois de la béatitude qui traduit un bonheur ineffable, satisfaction constante et sans mélange dont jouissent au ciel les élus ; il y a le contentement, état de celui qui ne désire rien d'autre que ce qu'il a ; l'extase, qui est l'expression euphorique d'un déséquilibre nerveux ; la félicité exprime un bonheur domestique, tranquille, simple et le bien-être matériel ; la joie au sens fort est synonyme d'extase, de félicité et au sens faible synonyme de plaisir. La jouissance est le fait ou le droit de tirer du plaisir sexuel, physique, intellectuel ou moral d'une chose ou d'un être. La jubilation est la manifestation d'une joie vive et expansive et la volupté est le vif plaisir des sens avec des nuances subtiles qui mettent l'accent sur une satisfaction tantôt physique, tantôt spirituelle, tantôt intense et tantôt durable. A partir de ces définitions et compréhensions du bonheur, ne peut-on pas se résumer à dire qu'il est une réalité complexe?