La critique de l'État
Fondamental :
L’État n'échappe pas à la critique dans l'exercice de son pouvoir. Au sein de la société, l'autorité de l’État est considérée comme supérieure aux autres pouvoirs. Pour maintenir ce pouvoir, l’État dispose d'un système juridique qui lui confère le monopole de la force publique. Comme le note Max weber (1864-1920), l’État a le «monopole de la violence légitime ». Or, ce droit exclusif d'employer la violence risque toujours de devenir abusif. C'est pourquoi certains penseurs considèrent que l’État de par sa définition même constitue une source d'oppression.
En effet, l’État suppose l'obéissance et la soumission totales des citoyens. Cela entraîne nécessairement la limitation de la liberté. En raison de cette liberté rognée, Nietzsche (1844-1900) a soupçonné l’État de n'être qu'un moyen habile pour masquer et figer la domination d'une fraction de la société. Il affirme ainsi que : « L’État, c'est le plus froid des monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : « Moi, l’État, je suis le peuple ». » Pour Nietzsche, au nom de la paix, l’État discipline les individus en leur retirant toute initiative personnelle.
A la suite de Nietzsche, les anarchistes pensent que l’État opprime l'individu. L'anarchisme est une doctrine politique qui revendique avec succès la suppression de l’État. Étymologiquement, l'anarchie est l'absence de commandement, d'autorité. Pour l'anarchiste, toute forme d'obéissance est une destruction de la personnalité. C'est pourquoi, l’État qui symbolise l'ordre et l'autorité, apparaît comme la négation fondamentale de la liberté. Il exerce toujours une oppression forte sur l'individu en réglementant sa vie sociale par des lois. Ainsi, pour Max Stirner (1806-1856), l’État est la puissance hostile aux forces individuelles. Comme il l'écrit : « Tout État est despotique » car « aux mains de l’État, la force s'appelle droit, aux mains de l'individu, elle s'appelle crime ». Alors, les anarchistes rejettent la notion d’État, mettent la valeur suprême dans l'individu et prône la révolution. A la place de l’État, ils proposent une vie de type communautaire fondée sur de libres associations et sur la fraternité et l'entraide mutuelle.
Selon la critique marxiste, l’État opprime les pauvres. L’État est un instrument de domination et d'exploitation au service d'une classe, d'une couche sociale. Tout État est donc État de classe. En effet, Marx (1818-1883) a analysé la société en terme économiques et a décelé dans la structure de l’État, la soumission d'une portion de la population à forces productive. Selon lui, « la lutte des classe » est le rapport de force qui dresse les prolétaires qui n'ont rien d'autre que leur force de production aux capitalistes qui possèdent les moyens de productions. Pour masquer ce conflit social créé par le capitalisme, les capitalistes ont inventé la notion d’État, sous prétexte que la neutralité du droit pourrait arbitrer les conflits. Chez Marx, l'idée d’État ne fait que renforcer un pouvoir particulier en le voilant sous l'idée d'une universalité des lois. Ainsi donc, l’État est au seul service des capitalistes et camoufle les inégalités sociales en prenant le masque de l'intérêt général qui empêche l'instauration d'une société sans classe.
Si la dérive autoritaire de l’État et son dysfonctionnement justifient amplement les critiques formulées, cependant, est-il possible de concevoir une société paradisiaque bien organisée sans État ? Loin d'être un ennemi empêchant le bon fonctionnement de la société, l’État n'est-il pas le garant de la paix civile et de la sécurité ?
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