Cours de Philosophie/Terminale A : L'État

Les fonctions de l'État authentique

Fondamental

L’État est né du désir de la paix et de la sécurité exprimé par les hommes pour le vivre ensemble dans la société. En effet, en l'absence de toute régulation légale, les libertés individuelles ne peuvent que menacer l'ordre social. Comme le montre Hobbes, à l'état de nature, les hommes ne vivaient que par eux-mêmes et c'était « la guerre de tous contre tous ». C'est pour éviter cette situation chaotique et pour pouvoir vivre ensemble que les hommes ont créé l’État. L’État a donc pour fonction authentique d'instituer une organisation de vie collective et de garantir la sécurité des individus en mettant fin à la violence naturelle. Il a pour but essentiel d'atténuer les conflits, de protéger les individus les plus faibles contre les plus forts par les lois et instaurer la paix.

Outre la sécurité, l’État a pour mission essentielle d'assurer et de protéger de toute la force commune la liberté des citoyens. Les hommes ont créé l’État pour plus de liberté. C'est pourquoi Spinoza considère que la fin de l’État est la liberté. Comme il le note : « Ce n'est pas pour tenir l'homme par la crainte et faire qu'il appartienne à un autre que l’État est institué ; au contraire c'est pour libérer l'individu de la crainte, pour qu'il vive autant que possible en sécurité ». Selon lui, la fin de l’État ou son but fondamental est en réalité la liberté.

Pour pouvoir vivre ensemble, les individus s'unissent par un contrat qui oriente la vie en communauté. Comme le souligne Rousseau, ils abandonnent alors « le droit de se gouverner eux-mêmes » et confient leur pouvoir à un tiers. D'où l'institution de l'État qui restreint les libertés et veille à ce que personne ne fasse rien de plus que ce qu'il est en droit de faire. L’État limite la liberté pour mieux la protéger. La soumission à laquelle sont contraints les citoyens n'est nullement arbitraire et fondamentalement injuste. Bien au contraire, c'est l'unique condition qui garantit à chacun la jouissance effective de sa liberté. L’État impose des bornes aux libertés individuelles, mais c'est justement cette limitation qui permet de garantir à chacun de jouir paisiblement des libertés qui lui reste. En effet, la liberté préservée et même développée par l’État n'est pas l'indépendance mais l'autonomie, c'est-à-dire la capacité à n'obéir qu'à soi-même. Tel est l'idéal démocratique définit par Rousseau dans le Contrat social. La liberté naturelle, transformée en liberté civile est protégée par la loi. Or, la loi est considérée comme « l'expression de volonté générale » par conséquent, en y obéissant, l'homme obéit à lui-même. En somme, le citoyen est à la fois le législateur et le sujet de loi. Si l’État est gouverné par un citoyen qui fonde lui-même les lois et auxquelles il obéit, alors il n'y a point d'oppression ni de dictature.

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