L'État et la pensée politique
Fondamental :
L’État est l'ensemble des institutions qui organisent une société sur un territoire donné. En effet, l’État n’apparaît que lorsque le pouvoir s'institutionnalise, c'est-à-dire cesse d'être incorporé dans la personne d'un chef. S'il n'y a d’État que lorsque l'autorité est institutionnalisée, il se pose dès lors la question de sa légitimité. L’État moderne a fait son apparition en affirmant son indépendance à l'égard de l’Église. Cette indépendance prive l’État moderne de la légitimation traditionnelle du pouvoir par la religion. Comme le disait saint Paul : « Toute autorité vient de Dieu ». C'est ainsi que Machiavel (1469-1527), premier théoricien de l’État moderne, désacralise le pouvoir et le fait dépendre non pas d'un droit qui le fonde, mais de l'habileté du Prince. Cependant, les théoriciens du contrat social de l’État, Hobbes (1588-1679 ), Locke (1632-1704) et Rousseau (1712-1778), remplace le droit divin par le pacte social qui enracine l'autorité de l’État dans un principe nouveau. Ils affirment que les hommes sont libres et égaux, par conséquent, aucun pouvoir n'est fondé s'il ne repose sur leur consentement, sur un contrat. Ainsi par une convention, un pacte social, les hommes renoncent à leur liberté naturelle et acceptent de se soumettre à l'autorité de l’État. Les théoriciens du contrat ont tous en commun une conception juridique de l’État qui fait d'eux les précurseurs de ce qu'on appelle communément aujourd'hui l’État de droit. Cependant leur point de vue divergent sur la question : « Quel est le meilleur régime politique pour gouverner les hommes ? » La réponse à cette question varie selon qu'est plus ou moins grande la part de liberté accordée aux individus.
Pour Hobbes, l'Absolutisme ou la monarchie est le régime indiqué pour affirmer l'autorité de l’État afin de mieux gouverner les hommes. Dans ce régime politique un seul gouverne l'ensemble. L'autorité absolue du souverain à pour fin non de dominer mais d'assurer la sécurité des personnes et des biens, de la protéger du conflit des intérêts privés. Pour être efficace l’État a tout pouvoir sur les individus. Comme le disait Mussolini (1883-1945): « Tout dans l’État, rien contre l’État, rien hors de l’État ». L'absolutisme sacrifie les libertés individuelles au nom de l'intérêt commun défendu par l’État.
Sensible aux libertés individuelles, Locke pense que le pouvoir de l’État doit être limité. Ce penseur de l’État libéral, considère que l’État est institué pour sauvegarder la liberté et la propriété privée, par conséquent sa sphère de compétence ne doit pas excéder le domaine public. Ainsi donc il n'intervient pas dans le domaine privé qu'il s'agisse de religion ou d'économie. A la suite du libéralisme, l'anarchie, doctrine politique qui défend la liberté individuelle va s'attaquer de façon radicale à l’État. Au nom de la liberté individuelle, les anarchistes prônent la suppression pure et simple de l’État. Pour l'anarchie, l’État est l'ennemi de la liberté des hommes. Comme le disait Bakounine (1814 – 1876) : « L’État est un immense cimetière ou viennent s'enterrer les manifestations de la vie individuelle ».
Rousseau, conscient du danger de la liberté absolue de l'individu pour la société et du risque de l'autorité absolue de l’État pour la liberté des citoyens, a tenté une synthèse originale qui concilie la liberté du citoyen et l'autorité de l’État. Pour lui, la démocratie qu'il nomme la République, est le meilleur régime politique capable d'échapper à la tyrannie, à la démagogie et à la manipulation. En effet, dans la démocratie c'est le peuple devenu citoyen qui est tout à la fois souverain et législateur. Souverain, parce que c'est le peuple qui détient le pouvoir, et législateur parce que le peuple lui-même fait les lois auxquelles il se soumet. Dans un État démocratique où, à travers la loi, s'exprime la volonté générale, l'obéissance ne menace pas la liberté. L’État devient ainsi l'espace où on accède véritablement au statut de citoyen concevant un intérêt général au-delà de son égoïsme et obéissant à l'autorité et réglée de la loi.