Cours de Philosophie Terminale A : l'Existence et la Mort

Le rapport entre la mort et l'existence

Fondamental

L'existence et la mort forme une unité indissociable. Héraclite (544 av. J.-C.-541 av. J.-C.)disait que c'est une même chose que la vie et la mort. La mort apparaît comme une possibilité de l'homme face à l'existence. La mort, forme de vie, est selon Heidegger (1889-1976)l'ultime possibilité qui donne un sens à l'existence. L'existence n'a de sens que parce qu'elle est « pour-la-mort », c'est-à-dire orientée par elle. L'homme est « un-être-pour-la-mort », nous dit Heidegger. Dans Être et Temps, il analyse la mort comme un tel phénomène de la vie, une fin qui loin de faire tout cesser, de tout achever, nous met face aux possibilités de notre existence de telle sorte que nous devons résolument les embrasser. Selon Heidegger : « Un nouveau-né est assez vieux pour mourir ». Penser sa propre finitude et la mort, sans l'ignorer, sans lui tourner le dos ou la fuir, sans non plus tomber dans un fatalisme désespéré, c'est proprement exister. La mort est fondamentalement, ce à partir de quoi la vie peut prendre sens. C'est en assumant sa condition d'être mortel que l'homme prend en charge la responsabilité de sa propre vie. L'idée de la mort engage l'homme dans le sérieux. Parce que l'homme est un être fini, il ne peut pas se permettre de vivre n'importe comment. La mort est une invitation à l'action et à l'application dans la vie. Comme l'écrit Kierkegaard : « la mort envisagée dans le sérieux est une source d'énergie comme nulle autre ; elle rend vigilent comme rien d'autre. » La mort stimule l'action pour donner un sens à la vie. Si l'existence en elle-même est absurde, c'est grâce à la mort que l'homme s'engage à donner un sens à son existence. La mort en tant que facteur de néant de la vie détermine l'homme à la résistance par la production d'œuvres. Chaque homme œuvre et veuille qu'on dise après sa mort qu'il n'a pas vécu inutilement. Comme le disait Thomas Sankara (1949-1987) : « Je veux qu'on retienne de moi, l'image d'un homme qui a mené une vie utile pour tous ». La mort permet de faire le bilan de la vie et définir l'homme. Selon Sartre, l'homme un être en projet qui ne peut être défini qu'au terme du projet avec la mort. C'est donc la mort qui accomplit l'homme en achevant son projet qu'est l'existence. Pour l'existentialisme, c'est sur l'horizon de la mort que toute vie humaine peut prendre sens.

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