Cours de Philosophie/Terminale A : L'Histoire

Sens et finalité de l'histoire

Fondamental

L'histoire ne déroule-t-elle de façon hasardeuse et chaotique ? D'aucuns pensent que derrière le désordre apparent de l'évolution et de l’enchaînement des événements historiques, l'histoire obéit à un principe et à une finalité. Mais quelle est la fin de l'histoire ? Quel est son moteur ?

Pour Hegel (1770-1831), l'histoire est orientée par l'Esprit universel ou la Raison universelle. Cette raison constitue à la fois le vrai moteur de l'histoire et sa finalité. L'Esprit universel s'accomplit progressivement à travers l'histoire en se servant de la passion des grands hommes. L'histoire humaine doit alors être conçue comme progrès de la raison et de la liberté, qui constituent sa fin et son sens propres.  Dans La Raison dans l'histoire Hegel écrit  : « l'histoire universelle s'est développée rationnellement ».

Pour Kant (1724-1804), c'est la nature qui meut l'histoire. Il présuppose que l'histoire tend vers des « buts raisonnables et certains ». Cette hypothèse de recherche, nous dit Kant, est utile en tant qu'elle peut « nous servir de fil conducteur pour nous représenter ce qui ne serait sans cela qu'un agrégat des actions humaines, comme formant, du moins en gros, un système ». Autrement dit, un ensemble d'événements non pas purement désordonnés, mais liés entre eux de façon cohérente et compréhensible.

Pour ces philosophes optimistes, la fin de l'histoire serait le progrès de l'humanité avec l'avènement total de la liberté, la paix, le savoir. Ainsi donc, l'histoire serait synonyme de progression, d'avancée, de développement. Cette idée a un intérêt moral. Admettre l'idée d'un éventuel progrès indéfini de l'humanité, c'est se donner par là même la possibilité d'y travailler par soi-même pour un avenir au lieu de désespérer. Ainsi cette idée d'une finalité historique ne vise pas un progrès déjà accompli, mais le progrès qu'il nous faut encore accomplir. Comme écrit Kant :« sans cette espérance en des temps meilleurs, aucun désir sérieux de faire quelque chose d'utile au bien général n'aurait jamais échauffé le cœur humain ».

Cependant pour Marx (1818-1883), ce n'est pas un principe transcendent comme un Esprit ou une Nature quelconque qui déterminerait le déroulement de l'histoire. Il pense que ce sont les hommes eux-mêmes qui déterminent leur propre histoire. L'histoire humaine se nourrit, selon lui, par les conditions matérielles des hommes, par les luttes des classes. Ce sont les conditions sociales, économiques et politiques fondées sur l'exploitions et la domination qui déterminent l'histoire. Il faut donc un changement radical de ces conditions. C'est pourquoi, Marx invite les prolétaires à se révolter contre la bourgeoisie, pour se libérer de l'exploitation et mettre en place une société communiste égalitaire. La fin de l'histoire serait donc la liberté, l'égalité, la justice sociale et le bonheur pour tous. En nous fixant nous-mêmes des buts, et en les réalisant, nous faisons notre propre histoire, et ainsi, par notre liberté, nous lui donnons nous-mêmes sa fin tout autant que sa signification. Comme disait Engels (1820-1895) : « avec l'homme, nous entrons dans l'histoire [...] et plus ils font eux-mêmes, consciemment, leur histoire, plus diminue l'influence d'effets imprévus, de forces incontrôlées sur cette histoire, plus précise devient la correspondance du résultat historique avec le but fixé d'avance ».

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