La liberté morale et politique
Fondamental :
Dans la société, notre liberté est limitée par des contraintes multiples à savoir la loi, les obligations sociales, la tradition, la religion et la liberté des autres. C'est dire que l'être social ne peut jouir d'une liberté totale comme dans la nature. Si à l'état de nature, l'homme a une liberté infinie et un droit illimité, en passant à l'état civil, il perd par le contrat social sa liberté naturelle. Alors dans la société, il n'y a pas de liberté illimitée, sans borne mais plutôt une liberté civile limitée par les règles du contrat social. C'est pourquoi Locke (1632-1704) nous explique que la liberté n'est pas le loisir de faire tout ce qui nous plaît, mais le loisir de suivre sa volonté conformément à ce que la loi permet. Ainsi donc, la liberté est limitée et marquée par la contrainte à l'état civil. Cette limitation est nécessaire pour la réalisation et l'expression de la liberté de chacun. Car, si chaque individu devait exercer sa liberté naturelle, illimitée, dans la société, il ne serait pas possible de vivre ensemble et de jouir de nos libertés respectives. Pour éviter une situation chaotique, Rousseau (1712-1778) pense que la loi est la solution convenable. Ainsi écrit-il que : « c'est à la loi que les hommes doivent la justice et la liberté. » La loi est la condition même de la liberté. S'il n'y a pas de lois alors il n'y aura point de liberté. Dans le même ordre d'idée Locke affirme : « il est certain que la fin de la loi n'est pas d'abolir ou de restreindre la liberté mais de la préserver et de l'augmenter ». La loi est une restriction nécessaire à la préservation et à la réalisation de la liberté de chacun. Selon Montesquieu (1689-1755) : « la liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent ». La loi caractérise la liberté politique qui se définit essentiellement comme l'obéissance aux lois de la cité.
Outre la loi qui est une contrainte extérieure imposée à l'homme par la société, il y a le devoir qui est une obligation, un impératif moral qui s'impose à lui. Le devoir est un impératif qui se représente sous la forme d'un « tu dois». Alors sommes-nous libres ou pas dans l'accomplissement de notre devoir ? En effet, le devoir implique nécessairement la liberté. Soit il m'oblige ou soit il m'interdit de faire quelque chose que je peux faire. Il n'y a pas de devoir pour ce que je n'ai pas du tout la possibilité de faire. L'homme a toujours la liberté de se conformer à son impératif moral ou pas. Pour obéir à la loi morale, l'homme doit faire taire ses penchants et se soumettre au devoir. Même s'il ne le fait pas toujours, cependant, il a tout de même la possibilité de le faire. Reconnaître la loi morale, c'est donc reconnaître la liberté. « Tu dois, donc tu peux », telle est la formule à travers laquelle, selon Kant (1724-1804), l'homme découvre en lui la liberté. Pour lui, la liberté morale consiste à accomplir son devoir avec joie. La liberté est l'obéissance à la loi morale que Kant formule en ces termes : « agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse toujours valoir en même temps comme principe d'une législation universelle ». C'est une loi universelle qui s'impose à tous les êtres rationnels.