Cours de Philosophie classe de Terminale A : La Connaissance du vivant

Les grandes conceptions en biologie

Fondamental

  • Le mécanisme et ses limites

    Le mécanisme est la conception selon laquelle le vivant peut être étudié en comparaison à une machine. Partant de la réalité selon laquelle, la matière vivante contient les mêmes éléments chimiques que la matière inerte, le mécanisme voudrait par-là étudier le vivant sur la base des lois physico-chimiques. Comme une machine, le vivant est un tout composé de partie en mouvement. Muscles, ligaments, tendons, os font que le corps se meut. Ici, le vivant est conçu comme une machine compliquée mais réductible à un ensemble de mécanismes élémentaires. Le mécanisme n'est pas né avec DESCARTES. On peut remonter jusqu'à STRATON (268 avant J.C, élève d'Aristote), ERASISTRATE, William HARVEY (1578-1657) dont DESCARTES a diffusé l'idée de circulation du sang. C'est pourtant DESCARTES (1596-1650) qui a fait du mécanisme une doctrine à portée générale. Dans le traité de l'Homme publié en 1664, il affirme : « je suppose que le corps n'est rien d'autre qu'une statue ou machine de terre que Dieu forme tout exprès ». Il ouvre la voie à une interprétation matérialiste du vivant. Ainsi le XVIIe siècle retire la vie à la nature et chasse la vie du vivant selon Georges GANGUILHEM (1904). François JACOB (1920) écrit justement que « toute la nature est machine et la machine est nature ». A ce moment, « le véritable problème est de découvrir les conditions qui président à la combinaison d'une substance vivante, cette recherche n'appartient pas à la biologie et à la chimie physique » selon RABAUD.

    Voici quelques arguments sur lesquels le mécanisme se fonde :

    - on obtient la culture des tissus vivants hors de l'organisme in vitro (avec le génie-génétique depuis la découverte de l'ADN) ;

    - la matière vivante ne contient pas d'autres éléments chimiques que la matière brute : azote, oxygène, hydrogène carbone, etc. ;

    - la vie ne peut provenir d'autre chose que de la matière ;

    - les cristaux possèdent des propriétés analogues à celles de la vie.

    Si effectivement, le mécanisme est solide du point de vue argumentatif, ne réduit-il pas le vivant maladroitement à une simple machine, un objet ?

  • Le vitalisme

    André LALANDE définit le vitalisme comme la doctrine d'après laquelle il existe en chaque individu un principe vital. Le vitalisme examinant les résultats obtenus par cette ambition de réductibilité intégrale du biologique au physico-chimique, y voit une somme d'erreurs. Il voit dans le vivant, une réalité spécifique, irréductible à une simple matière. La simple présence du psychisme chez l'homme montre qu'il y a une « force vitale » qui organise mystérieusement la matière. Autrement dit, le vivant contient son propre plan de formation et de régulation. Georges CANGUILHEM (1904) admet la vitalité du vivant quand il affirme : « une biologie réduite a pour corollaire l'objet biologique annulé en tant que tel c'est-à-dire dévalorisé dans sa spécificité, tandis que l'appellation de vitalisme convient à toute biologie soucieuse de son indépendance à l'égard des sciences de la matière. » Il y a donc une courbe d'évolution chez le vivant qui consiste à naître, à croître et à mourir. C'est pourquoi l'exploitation du vivant doit se faire non par le jeu des causes efficientes s'enchaînant mécaniquement mais par la finalité. Ainsi, la germination d'une graine, le développement du fœtus, la croissance d'un individu, l'évolution d'une espèce, les caractéristiques du vivant, sont là une réalité où tout se passe comme si dans le vivant, les phénomènes étaient organisés et dirigés par quelque chose, une idée directrice qui oriente l'action des forces physico-chimiques vers une fin à atteindre ou à réaliser ; comme si le vivant contenait à l'origine une anticipation de ce qu'il sera. Voici quelques arguments qui fondent cette conception :

    - La courbe du vivant (qui est création et destruction) ;

    - Le vivant est considéré comme un équilibre de forces internes ;

    - Sa relation avec l'espace et le temps ;

    - Les caractéristiques du vivant déjà énumérés (l'individualité, le dynamisme, organisme, indivisibilité etc.) ;

    Remarque : La question de l'indivisibilité du vivant (l'homme) pose le problème de la bioéthique surtout avec le développement du génie-génétique basé sur la découverte de l'ADN.

  • La théorie de l'évolutionnisme

    Le concept d'évolution a depuis longtemps préoccupé les penseurs. Cela se confirme au 18eme siècle avec BUFFON et son élève LAMARCK (1744-1823) qui s'intéressent à l'idée d'une sélection naturelle. LAMARCK, pense que l'évolution des espèces s'explique par l'adaptation des êtres à leur milieu. Mais au cours de ce processus, se produisent des modifications de certains organes (l'accroissement, l'habitude, l'exercice etc.), modifications qui se transmettent héréditairement. C'est ce qu'il appelle transformisme. Au 19eme siècle, Charles DARWIN (1809-1882) disciple de LAMARCK, parle de sélection naturelle. En effet, confie-il, les animaux de la même espèce ne naissent pas également adaptés au milieu et également armés dans la lutte pour la vie : ne subsistent que les mieux adaptés et les mieux armés. Par là des mutations profondes lentes et répétées aboutissent à des modifications et même à la formation d'espèce nouvelle. Par la suite, le darwinisme va être approfondi en stipulant que seule la mutation du gène génome se transmet héréditairement suivant les lois de MENDEL et de Hugo de VOIE (1848-1935). Cela permet de dire que d'une génération à une autre, il y a variation héréditaire ou mutation dont la sélection naturelle ne laisse subsister que les plus favorables. Le mutationnisme avec CUENOT soutient que l'évolution est due à des mutations brusques qui d'un seul coup font apparaître un type nouveau. Si cet être est viable, il fait souche, sinon il disparaît. Il y a certes de plus en plus des théories explicatives de l'évolution qui offrent de mieux en mieux une connaissance de l'histoire de la vie, mais qui restent jusque-là imparfaites.

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