La valeur du travail
Fondamental : Appréciations négatives du travail
Le caractère pénible du travail
Le travail est perçu comme une mauvaise chose, une sanction. C'est ainsi que du point vue de la tradition judéo-chrétienne, il est considéré comme une punition divine infligée à Adam et Eve suite à la leur désobéissance au jardin d'Eden. Dieu leur dit : « Tu gagneras ta vie à la sueur de ton front... » et « Quant à toi femme, tu accoucheras par le travail... ». Le travail ici renvoie à la douleur liée à l'enfantement. Cette perception se justifie à travers le fait que le travailleur pendant la tâche n'y ressent aucun plaisir. Le travail alors est privation de loisir et de jeu. Il marque une rupture avec la quiétude et la tranquillité.
Le caractère dévalorisant du travail
Dans l'organisation de certaines sociétés, notamment la société grecque, on avait le travail physique et le travail intellectuel. Alors que le travail intellectuel était une activité de la noblesse, celui manuel ou physique était le lot des esclaves parce qu'il est dégradant. L'homme ne pouvant plus satisfaire ses besoins existentiels au simple contact de la nature, se voit obliger de la dominer par le travail pour survivre. C'est pourquoi, il apparaît comme l'expression d'une servitude, d'une aliénation de l'homme vis-à-vis de la nature. Le travail manuel étant essentiellement pénible, il ôte à l'homme sa dignité et sa liberté car il le rabaisse au rang de l'animal. C'est ainsi que le manque de considération pour le travailleur manuel a pu inspirer Platon qui écrit : « au travailleur manuel, tu ne voudras ni donner à son fils ta fille, ni épouser toi-même la sienne ».
Fondamental : Appréciations positives du travail
Le travail comme source de libération
On peut dire du travail qu'il est pour l'homme un facteur de libération et de rachat suite au péché originel. Le travail divinise l'homme car ses fruits lui permettent de participer à l'œuvre créatrice du monde. L'homme s'inscrit dans l'éternité et s'immortalise à jamais dans l'histoire par les œuvres artistiques, scientifiques, philosophiques. Mais c'est par le travail (scientifique et technique) qui confère à l'homme la puissance qu'il a pris son autonomie vis-à-vis de la nature et Dieu. Il constitue alors un moyen de maîtrise des forces de la nature car comme le souligne René Descartes (1596-1650), par le travail la machine permet à l'homme de : « devenir maître et possesseur de la nature »[1]. Hegel (1770-1831) soutient aussi cette idée en montrant le travail comme facteur de salut et instrument de libération à travers la dialectique du maître et l'esclave. Il indique clairement comment par le travail, l'esclave reconquiert sa liberté vis-à-vis du maître en devenant le maître du maître. Voltaire (1694-1778) dans son œuvre Candide, fait ressortir : « le travail éloigne de nous trois maux : l'ennui, le vice et le besoin »[2]. Cette idée est également présente dans Les Frasques d'Ebinto d'Amadou Koné (1953) où il indique : « le travail même s'il n'arrive pas à sortir l'homme de la misère, il lui garantit sa dignité »[3].
Le travail comme source d'humanisation
Le travail rend plus humain. Il permet à l'homme de dominer la nature et de dompter sa propre nature pour s'élever au rang d'homme. Par le travail qui est une extériorisation, une matérialisation de l'esprit humain, le monde est plus habitable et porte partout la marque de l'humain. Le travail a donc un pouvoir d'humanisation de la nature. C'est pour cela que nous sommes parfois honoré ou regretté par rapport au travail que nous exerçons. Cette réalité du travail participe à son amélioration morale. Ainsi comme écrit Emmanuel Mounier (1905-1950), : « tout travail, travaille à faire un homme en même temps qu'une chose ». Pour lui, le travail est un devoir de l'homme envers lui-même. Le travail amène l'homme à cultiver certaines vertus telles que la solidarité et instaure une relation de complémentarité et de respect mutuel.
Le travail comme facteur de valorisation
On constate que le travail accorde à l'homme une certaine valeur. C'est ainsi qu'il est source de génération de richesses matérielles et spirituelles tant pour les individus que pour l'humanité entière. Le travail permet alors à chaque membre du groupe social d'occuper une place dans la société, de donner un sens, une valeur à son existence. Ainsi, la situation de sans emploi est déshumanisante et compromet l'affirmation de soi. C'est pourquoi le travail est un facteur de réussite et d'accomplissement de l'homme en ce sens par le moyen du travail, il donne un sens à sa vie.