1. Les structures sociales et les structures politiques traditionnelles des civilisations négro-africaines

Les civilisations négro-africaines se caractérisent entre autres, par leurs structures sociales et leurs structures politiques traditionnelles.

Les structures sociales traditionnelles

Les structures sociales traditionnelles se distinguent par plusieurs éléments tels que :

  • Les classes sociales 

    Selon le statut social, on distinguait d'abord, les nobles qui étaient au sommet de la société et bénéficiaient de privilèges, de droits, de titres et d'honneurs spéciaux héréditaires. Ensuite, venaient les castes formées par certaines familles exerçant des fonctions sociales (castes des forgerons, des griots, des chasseurs) et étaient considérées comme des intouchables, respectées et craintes, car possédant des pouvoirs surnaturels. On peut ajouter les roturiers qui comprenaient les personnes libres mais qui ne sont pas nobles. Enfin, au bas de la société, on avait les esclaves qui étaient constitués par les captifs de guerre et leur descendance ; 

  • Les classes d'âge

    Dans la hiérarchie de l'âge, le passage à l'échelle supérieure est marqué par de multiples initiations : excisions, circoncisions, diverses initiations à des sociétés secrètes[1]. Le principe de séniorité repose sur le rang de naissance. En effet, un individu né avant un autre, gagne le respect du second : c'est le droit d’aînesse. Le respect de la famille, des vieux, des aînés..., est primordial en Afrique. L'âge signifie savoir et autorité.

  •  La place de l'homme et de la femme dans les sociétés africaines

    Les sociétés africaines sont des sociétés hiérarchisées avec dans la plupart des cas, une dominance des valeurs masculines. Elles sont organisées autour de l'homme qui occupe le sommet de la pyramide, suivi respectivement de la femme et des enfants. Cette organisation sociale entraîne une occupation particulière de l'espace et un certain type de rapports sociaux. L'intérieur de la maison est réservé à la femme et l'extérieur à l'homme. C'est à lui que revient la charge de représenter la famille et de rendre publiques ses décisions.

  •  L'esprit communautaire

    L'esprit communautaire induit l'importance du groupe sur l'individu. Il constitue la pierre angulaire de l'édifice social africain. Dès lors, la décision du groupe est souveraine, l'individu se définissant par rapport à sa collectivité et à sa famille. Dans la culture négro-africaine, la parenté ou la famille est qualifiée d'élargie parce qu'elle est plus sociale que biologique. Elle constitue la base de toute organisation sociale. La parenté peut être patrilinéaire (filiation ne prenant en compte que l'ascendance paternelle). Exemple : es Mossis au Burkina Faso. Elle peut aussi être matrilinéaire (filiation ne prenant en compte que la famille maternelle). Exemple : Les Baoulés en Côte d'Ivoire.

    La parenté à plaisanterie est une pratique Ouest africaine qui renforce la cohésion sociale. Le mariage est considéré comme un pacte collectif entre deux tribus, deux villages ou deux familles et non une affaire entre deux individus. Il a un caractère forcé avec le principe de la dot, la pratique de la polygamie et du lévirat[2].

Les structures politiques traditionnelles

Les civilisations négro-africaines présentaient deux principales formes d'organisations politiques à savoir :

  • Les organisations politiques avec un pouvoir centralisé

    Les organisations politiques à pouvoir centralisé sont des États organisés ayant à leur tête des rois ou des chefs (les Bamiléké, les Moose, les Cités-Etats Yorouba, etc.). Dans l'Afrique noire traditionnelle, l'accession au trône se faisait en général de père en fils, ce qui a conduit à la formation de dynasties à la tête des royaumes et des empires. Exemples : les Kéita dans l'empire du Mali, les Askia dans le Sonrai, les Nakomsés dans les royaumes Mossis.

  • Les organisations politiques sans pouvoir centralisé

    L'organisation politique sans pouvoir centralisé, ou société sans État, est représentée par deux catégories de sociétés : les communautés villageoises et les sociétés acéphales ou segmentaires (ainsi désignées par les occidentaux). Les communautés villageoises sont dirigées par un chef qui, généralement, est l'aîné du village. Son pouvoir n'est ni étendu, ni contraignant, et son rôle, plus coutumier que politique.

    Les sociétés dites acéphales sont plutôt qualifiées par les chercheurs africains, de sociétés de démocraties villageoises ou de démocraties populaires. Dans ce système politique, les peuples ne sont pas soumis à l'autorité d'un chef. L'autorité est généralement assurée par le chef de famille ou de lignage. Ces sociétés sont essentiellement régies par les règles (lois) coutumières.

  • Les autres formes d'organisation politique traditionnelles

o La démocratie

Contrairement à ce que l'on croit, l'Afrique traditionnelle a aussi connu la démocratie. C'est ainsi que dans le royaume d'Oyo du Bénin, c'est un conseil composé des vieux dignitaires de la cour royale qui fait l'élection du roi et contrôle sa gouvernance. On peut aussi citer la charte de Kouroukan-Fouga[3] qui fut la constitution de l'empire manding.

o L'émirat et le sultanat

L'émirat est une formation politique dirigée par un conquérant musulman nommé "émir", suite à une conquête territoriale par le jihad ou guerre sainte. Exemple : l'émirat du Liptako. Quant au sultanat, c'est un royaume dirigé par un représentant de la dynastie locale converti à l'islam. C'est le cas du sultanat du Bornou ou de Kano (au Nigeria actuel).