Étude ordonnée ou partie explicative
Méthode :
Dans le premier mouvement de ce texte qui s'étend de la ligne 1 à la ligne 7, Rousseau affirme de façon claire que le désir est source de bonheur. A cet effet, il peint dès l'entame du texte une existence sans désir car en l'homme « il existe [...] un manque qu'il aspire à combler ». Une pareille existence ne peut guère conduire au bonheur, pire elle est synonyme de malheur. L'absence de désir dépossède alors l'homme de tout. En d'autres termes, ne pas désirer, c'est se priver de tout car le simple fait de désirer permet à l'homme de s'approprier non seulement d'une force consolante, d'une imagination fertile mais aussi d'une énergie le poussant vers l'objet désiré. Cette situation engendre déjà en l'homme un bonheur comme l'atteste l'auteur à la ligne deux : « On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux. » Cela montre bien que le désir d'un objet rend alors heureux. Cependant, que ressent-on une fois l'objet désiré en notre possession ?
Dans le second mouvement, Rousseau expose un paradoxe en ce sens que le bonheur réside dans le fait de désirer. En effet, nous espérons toujours trouver en l'objet désiré un bonheur. Mais l'expérience montre qu'une fois l'objet désiré en notre possession nous semblons désenchanté. Cela traduit un paradoxe car comme le souligne l'auteur : « l'illusion cesse où commence la jouissance » pour indiquer que le bonheur est défini comme le propre du désir comblé. L'homme n'est heureux que lorsque ses espérances sont exaucées. Il semble donc qu'on est moins heureux de désirer quelque chose que de le posséder et d'en jouir. Rousseau par contre soutient le contraire. Aussi montre-t-il que la jouissance n'est pas dans la satisfaction du désir, mais elle se trouve dans le désir lui-même car selon lui : « Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d'être habité ». Une fois l'objet désiré en notre possession, cette imagination fertile, cette force consolante et cette énergie qui nous animaient auparavant s'estompent et font place à une tristesse. Ainsi, le désir est source d'imagination, d'une illusion grande si bien que l'existence en elle-même ne peut point combler nos attentes. La possession de l'objet convoité donne une jouissance inférieure à celle de l'espérance de cette possession. Mais une telle perception du désir est-elle toujours recevable ? En somme, si le bonheur ne réside pas en la possession de l'objet mais plus dans le désir de l'objet, quelle attitude faut-il avoir face au désir ? Il nous appartient alors dans la partie critique d'analyser la pertinence des arguments de l'auteur.