Cours de Philosophie/Terminale A : Méthodologie du commentaire philosophique de texte

Rédaction

Introduction

Le texte soumis à notre étude est extrait de Introduction à la psychanalyse de S. Freud aux éditions Payot et traduit par S. Jankélévitch en 1965. Il s'inscrit dans le courant du relativisme scientifique amorcé au XIX è siècle (la situation du texte) Ce texte traite de l'évolution des connaissances scientifiques (le thème). Il pose le problème de la limite des théories scientifiques(le problème) et pour l'auteur, il n'y a pas de vérités (scientifiques) éternelles, de sciences acquises en matière de recherches scientifiques (la thèse). Pour ce faire, il défend son argumentation en trois mouvements à savoir le passage du monde clos à l'univers infini, la remise en cause de la conception traditionnelle de l'homme et la découverte des limites de la conscience ( la structure du texte). Notre travail consistera à montrer comment l'auteur s'y prend pour traiter de l'évolution des connaissances scientifiques et ensuite nous jugerons de la pertinence de ses arguments (le plan).

Développement

  • 1ère partie : explication

La conception classique que l'on se faisait de la science comme capable de satisfaire toutes nos préoccupations est remise en cause et la première articulation du texte en est une illustration. En effet, l'auteur démontre à travers le passage du monde clos à l'univers infini que la conception que l'on se faisait de la terre comme centre de l'univers ne mérite plus d'être soutenue. Cette vision que nous présente la Bible montre que dans l'ordre de la création, la terre était considérée comme le centre de l'univers selon la volonté divine. Dans ses progrès, confrontée à des nouvelles réalités, la science va démontrer les limites voire les faussetés d'une telle théorie. C'est pour cela Freud écrit « la terre...ne forme qu'une parcelle insignifiante du système cosmique ». Désormais, cette affirmation énonce une nouvelle théorie, celle de l'héliocentrisme qui devient la base fondamentale de toute nouvelle activité scientifique dans la quête d'une meilleure intelligence de l'univers. Cette nouvelle conception de l'univers a permis une meilleure connaissance de celui-ci. Cependant, qu'en est-il pour la connaissance de l'homme ?

Dans la seconde articulation, Ch. Darwin biologiste, parvient dans ses travaux à la remise en cause de la conception traditionnelle qu'on avait de l'être humain. En effet, la biologie montre le caractère animal de l'être humain alors que selon la conception biblique, il est un être supérieur, à l'image de Dieu et même animé par son souffle. Cela lui conférait alors « une place privilégié dans l'ordre de la création ». Cette idée sera battue en brèche grâce aux expériences qui vont démontrer que parmi les trois règnes, le règne minéral, le règne végétal, le règne animal, l'homme se place au même niveau que l'animal, qu'il qu'ils partagent la même nature. Même si cela n'était pas si évident pour tous, nous en sommes de nos jours, héritiers des succès opérés grâce « aux travaux de Ch. Darwin, de Wallace et de leurs prédécesseurs ». Cette nouvelle vision de l'homme comme élément du règne animal fut une véritable révolution dans la connaissance de celui-ci. Mais, force est de constater que sa dimension psychique n'étais pas pris en compte. C'est ce que la psychanalyse s’attellera à réaliser

La troisième articulation nous dévoile la naissance de la psychanalyse avec la découverte de l'inconscient comme expression des limites de la conscience. En effet, puisque la science ne cesse de progresser, l'auteur lui-même va contribuer à dévoiler la vérité ou la réalité de cette dimension de la science. En orientant ses recherches, non pas sur la dimension physique, mais sur la réalité psychologique de l'homme, Freud en vient à réaliser que celui-ci ne se connaît pas assez, bien qu'il soit définie comme un être doué de raison et de conscience. Il venait ainsi « d'infliger à la mégalomanie humaine » c'est-à-dire à la vision populaire un démenti. Ce fut une occasion pour la science d'opérer une évolution en son sein car sa méthode a permis de sonder les profondeurs du sujet. Ainsi écrit-il que le moi « n'est seulement pas maître dans sa propre maison ». C'était le point de départ d'une nouvelle science qui permettra de sonder les profondeurs de l'homme et même de le guérir de certaines pathologies d'ordre psychique.

Les articulations nous ont permis de comprendre l'idée de l'auteur selon laquelle les connaissances scientifiques ne cessent de progresser. Cependant quelles critiques peut-on porter sur la pertinence et les limites de son argumentation.(Transition)

  • 2è partie : critique

Le texte dans son ensemble révèle certains aspects positifs. Ainsi à la manière de Hegel qui disait que « toute philosophie est fille de son temps », on pourrait dire aussi que toute science est tributaire, répond aux préoccupations de son époque. En effet, dans sa démarche, lorsqu'à une époque donnée, la science se trouve interpellée, elle se doit de donner une réponse. Mais, puisque l'activité scientifique n'est pas un recommencement perpétuel, on comprend alors que les vieux paradigmes puissent être remis en cause. C'est d'ailleurs ce qu'illustre la théorie de la falsification énoncée par Karl Popper. Il n'y a donc pas de science absolue, ni de vérité éternelle en matière de connaissances scientifiques. Les crises scientifiques sont là pour nous rappeler qu'aucune science n'est linéaire. Si elle connaît une évolution, c'est parce qu'elle a surmonté et même corrigé certains obstacles épistémologiques comme l'indique Gaston Bachelard. Toute crise est donc une occasion pour la science d'opérer une révolution et puisque cela instaure le progrès, on dira avec Thomas Kuhn que « la science est essentiellement constituée d'erreurs corrigées ». Toute cette argumentation permet de soutenir que la science instaure des mutations positives. Mais cela n'est pas toujours vérifié

Aussi vrais que puissent être les arguments développés, on relève que l'expression « progrès scientifique », ne semble pas appropriée. La science en réalité ne progresse pas. C'est plutôt, les moyens d'investigation qui se perfectionnent et s'adaptent au besoin du moment. Ainsi, a-t-on abandonné les microscopes mécaniques au profit de ceux électroniques. On assiste alors de nos jours, à des traitements aux rayons laser, à des diagnostics au scanner permettant de détecter certaines maladies cachées. Soutenir également que la science connaît une évolution positive n'est pas une idée exacte. En effet, à observer l'activité scientifique, elle engendre toujours des conséquences. On serait tenté de dire que la science nous crée des problèmes pour se donner de l'importance. Si sa simple évocation était synonyme d'assurance, elle est de plus en plus source d'inquiétude et cela justifie la création des comités d'éthique, l'instauration de moratoires pour anticiper sur d'éventuels désagréments. Jean Rostand ne disait-il pas « la science a fait de nous des dieux avant que nous ne méritions d'être des hommes ». Elle semble s'éloigner de sa vocation d'être au service de l'homme en créant plus de problèmes qu'elle ne résout. Rabelais avait parfaitement raison de dire que « science sans conscience n'est que ruine de l'âme ».

Conclusion

L'explication du texte nous permet d'attester les propos de l'auteur à savoir que les connaissances scientifiques évoluent constamment. Il l'a exprimé à travers trois articulations qui se résument à dire qu'aucune science n'est définitive et qu'elle s'adapte toujours aux circonstances du moment (Bilan). Nous en convenons que malgré l'apport positif que le progrès scientifiques nous permet de constater, la science n'est pas toujours neutre, en témoignent les interpellations actuelles (Prise de position).

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