Cours de Philosophie/Terminale A : Le Temps

Clarification conceptuelle

DéfinitionLe temps comme réalité

Le temps est perçu comme une réalité qui existe indépendamment de l'homme, des sujets percevant. Dans une telle situation, le temps sera objet de science, connaissable objectivement parce que, objet homogène. Quant au temps par-delà les expressions « prendre son temps, avoir du temps, donner du temps, emploi du temps » qui semblent faire de lui quelque chose de palpable, de préhensile, une réflexion sur le temps montre qu'au-delà du fait qu'il nous contienne, le temps est aussi en nous. Sans une distanciation, l'intimité entre l'homme et le temps rend la réflexion scientifique sur celui-ci impossible du moins difficile. C'est ce qui explique que l'image que nous avons du temps dépend beaucoup plus de nous et change en fonction des circonstances.

DéfinitionLe temps comme idéalité

Dire du temps qu'il est une idée, c'est le regarder comme un phénomène dont la nature et la valeur sont fonction des individus qui le perçoivent. En lui-même, il est peu de choses. Vu sous cet angle, il est loin d'être un objet de science. Le temps, parce qu'il est non seulement irréversible mais aussi et surtout intangible, il se prête difficilement à la démarche scientifique. Autrement dit, le temps, sa nature et sa valeur sont fonction de la situation, de l'âge, des projets et des préoccupations des sujets percevant. C'est dans cette optique que Henri Bergson (1859-1941) était amené à faire une distinction entre le temps spatialisé de la science avec la durée qui est le temps vécu par la conscience. Ce temps est une une succession sans séparation, sans arrêt, sans juxtaposition mais organisation et fusion à la manière des notes d'une mélodie. Le temps spatialisé est un temps froid, c'est-à-dire homogène sans épaisseur, indifférent aux différentes circonstances, un temps objectif. Le temps concret ou vécu par la conscience (la durée) est subjectif, dans la conscience. C'est dans ce sens que Martin Heidegger (1889-1976) parlait de Dasein pour designer l'être au monde ou l'existence humaine. En effet, il n'existe pas d'antériorité dans le rapport entre l'homme et le monde. On ne peut pas penser le monde sans l'homme tout comme on ne peut le penser sans le monde. Autrement dit, l'homme prend conscience de son existence quand il est déjà au monde, dans le monde (le déjà là traduit la dimension « passé » du temps. Le Da-sein désigne aussi un être toujours préoccupé, qui passe d'une préoccupation à une autre, un être qui se découvre toujours en train de faire quelque chose. Cela exprime la dimension « présent » du temps. Dans sa préoccupation, l'homme est toujours en relation avec les autres. C'est pour cette raison que le Dasein est par essence un Mitt-sein c'est-à-dire un être avec. Le Dasein est enfin un être en avance sur lui-même. C'est un être qui vit grâce au futur et pour le futur. Autrement dit, il jouit par anticipation des délices du futur et cela grâce à sa conscience, et c'est par cela qu'il arrive à supporter la dureté du présent ; tout ce qu'il pose comme acte ce n'est jamais pour le présent encore moins pour le passé, c'est toujours pour le futur. En résumé, on retiendra que la structure du Dasein coïncide avec les dimensions du temps. Cette coïncidence traduit l'intimité entre l'humain et le temps. Mieux, on est même tenté de soutenir que l'humain n'est pas dans le temps mais que le temps est en lui. C'est ce qui explique le fait que ce qui nous affecte, affecte le temps. Quand nous nous sentons mal, nous affirmons que les temps sont durs. Cette situation rend impossible, du moins difficile toute entreprise d'objectivation.

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