Première partie

« Tu n'iras pas à N'Dar mon fils, tu n'iras jamais à la ville. Ainsi parlait Yaye Aida, nouant pour la troisième fois le pagne élimé qui l'enveloppait jusqu'à mi-corps.
- Il faut que je me rende à la ville, Yaye ! reprit l'adolescent.
- Fais le compte des nôtres qui sont revenus de N'Dar, de N'Dakarou ou de Thiès. Que vous ont-ils rapporté ? La misère, oui... L'effroyable misère »
Magamou n'avait écouté que d'une oreille distraite.
Mais mère, toutes ces cantines bourrées de vêtements, toutes ces corbeilles débordant de victuailles inconnues, ces lits mécaniques, ces tables. Mais non, mère, j'irai à la ville.
-C'est cette moisson magique qui vous affole, c'est elle qui a désorganisé le clan, qui enfièvre[1] votre imagination, qui nous a perdus, m'entends tu ? Qui nous a perdus.