Troisième partie

A la ville, les fainéants du village, les Mor-Hélévam, les Mawa, Taillel et tous les parasites avaient fait fortune. La preuve, leurs casques de Gambie, leurs lunettes, leurs bracelets-montres, leurs sandales... Surtout oh! Leur porte feuilles ! Et leurs chaussures multicolores !...
Mère, si je ne comptais que sur nos maigres récoltes, comment oserais-je demander la main de Soukeyna ? Comprend mère qu'il n'y a plus de solution de rechange. Vois-tu, les tam-tams au clair de lune ont perdu de leurs magie ; vois-tu mère, mes compagnons préfèrent s'agglutiner autour des tirailleurs[1] en permission, des plantons, des chameliers revenus humer un moment l'air du pays. Nos jeunes filles elles-mêmes passent une saison à la ville et nous ne les voyons plus qu'aux premières pluies. C'est un signe des temps. Yaye, votre bon vieux temps est mort, il ne faut pas que le village se meure...»
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Malik FALL, La Plaie,
Editions Albin Michel.