Le temps et la condition humaine
Fondamental :
Le temps comme complice de l'homme
L'espace-temps est d'abord la condition de possibilité de notre être, de notre existence : l'espace-temps, c'est le lieu de notre être, de notre existence ; autrement dit on ne peut, ni penser, ni imaginer l'humain en dehors de ce cadre : tout être est d'un espace et d'un temps. Tous les êtres en général et singulièrement l'humain sont nés en ...à .... ; Le cadre est a priori car on se découvre déjà dans l'espace-temps. On ne vient pas le visiter avant de venir l'habiter.
Le temps, est ensuite le complice nécessaire de notre épanouissement de notre naissance, de notre croissance, de notre maturation, production, reproduction). De même que le tonnerre a besoin du temps pour se faire entendre, tous les êtres vivants et singulièrement l'humain a besoin du temps pour être, pour croître, pour mûrir, pour produire, pour se reproduire, bref développer toutes leurs potentialités. Mieux, toutes ces réalisations se font dans un temps dont les potentialités et les opportunités conditionnent la qualité de la vie et de l'existence.
Le temps est enfin condition de l'oubli : le temps parce qu'il permet l'oubli rend possible l'équilibre psychologique et partant celui de la société et cela parce que le temps par l'oubli nous libère des contentieux du passé, de la torture des événements passés et des souvenirs amers d'une part et de l'autre il favorise la mémorisation condition de possibilité de l'apprentissage, des acquisitions des connaissances : le temps par l'oubli libère les humains du passé et de l'ignorance. Henri Bergson disait la même idée quand il soutenait que la « conscience signifie mémoire – conservation et accumulation du passé dans le présent. C'est un trait d'union entre ce qui a été et qui sera, un pont jeté entre le passé et l'avenir. »
Le temps source de la misère humaine (malédiction)
Le temps est d'abord l'expression de la finitude de l'humain : être du temps, c'est être limité, être prisonnier du temps, enveloppé par le temps, surtout dans sa dimension présente. Certes, par sa conscience il tente de s'évader dans le passé ou dans le futur, mais il resté tout de même confronté à la cruauté du temps, du présent. Blaise Pascal exprimait bien cet état quand il affirmait que « Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l'avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous rappelons le passé, pour l'arrêter comme trop prompt... C'est que le présent, d'ordinaire, nous blesse ».
Le temps traduit ensuite la précarité de la vie humaine : être du temps c'est être d'un temps, être temporaire, vulnérable, fragile, mortel ; autrement dit, tous les processus de naissance, de maturation, de production et de reproduction ont pour pendant nécessaire la déchéance, le vieillissement, le dépérissement bref, la mort.
L'irréversibilité du temps exprime aussi le malheur dans le temps : dès lors qu'un acte est effectif il fait désormais corps avec son auteur, d'où la torture exercée par le passé sur les individus. Parce que le temps est irréversible, je crains mon avenir et je porte le poids de mon passé ; parce que mon présent sera bientôt un passé sur lequel je n'aurai aucune prise, je suis amené à me soucier de ma vie. Selon Heidegger, c'est même parce qu'il est de part en part un être temporel que l'homme existe. Les choses sont, mais seul l'homme existe (au sens étymologique) l'homme est jeté hors de lui-même par le temps. Être temporel, ce n'est donc pas simplement être soumis au temps : c'est être projeté vers un avenir, vers du possible, avoir en permanence à se choisir et à répondre de ses choix (ce que Heidegger nomme le souci).
En outre, le rythme infernal du temps fait de la vie de l'homme dans le temps une malédiction : le rythme du temps est indifférent à nos situations, à nos joies, à nos malheurs ; par ailleurs, il rend difficile l'attente du futur, de l'avenir tarde à venir, qui du reste est opaque. C'est dire que l'avenir est obscur, un ensemble de possibilités, un jaillissement continuel de nouveautés et de surprises de toutes sortes, d'où le caractère infernal de l'attente de cet avenir, surtout qu'il contient inexorable notre mort, un saut dans l'inconnu.