Les obstacles à la connaissance d'autrui
Fondamental : L'obstacle de la connaissance de l'autre par ses pensées
Connaître l'autre c'est dire exactement ce qu'il est ; c'est être en mesure d'expliquer, et de décrire avec certitude ses pensées les plus profondes, et son comportement. Une ambition facile à exprimer, mais difficile à réaliser. Car, en réalité, il n'est pas aisé de saisir la profondeur de ses pensées, et les causes réelles de sa conduite, de ses sentiments.
Connaître les pensées de l'autre, c'est dévoiler ce qu'il est, ce à quoi il pense, et être capable de dévoiler ses potentialités intellectuelles. C'est décrire l'idée qu'autrui se fait de moi, de lui-même, mais aussi du monde qui l'entoure. Autrui n'étant pas un être transparent à lui-même et à l'autre, un être qui me dévoile la pleine mesure de ce qu'il est, comment pourrait-on le connaître ? Il apparaît plutôt comme un être ambigu, dynamique, et obscur. On en conclut que lui seul est mieux placé pour justifier l'essentialité, sinon la profondeur de ses propres pensées, y compris les motivations réelles qui les accompagnent (qui accompagnent ses pensées). Henri Bergson (1859-1941) affirme alors que «nul ne peut pénétrer la pensée d'autrui ». C'est pour dire qu'il est quasiment impossible de connaître l'autre, de connaître ses pensées les plus intimes, car, un tel acte reviendrait à ramener la pensée d'autrui à la nôtre.
Fondamental : L'obstacle de la connaissance de l'autre par ses sentiments
Tout comme les pensées, connaître les sentiments profonds de mon semblable pose problème. Pour en être capable, il faut être identique à lui, se substituer à lui, et être en lui, mieux, il faut se mettre à sa place au sens strict du terme. Plus précisément, appréhender autrui par ses sentiments, revient à éprouver ce qu'il éprouve profondément ; c'est savoir avec certitude l'idée qu'il se fait du bon, du mauvais, du beau, du laid, du juste et de l'injuste, du tolérable et de l'intolérable, ce qui lui convient et ce qui ne lui convient pas. Il ressort que seul autrui peut se comprendre, car lui seul sait ce qu'il éprouve, et lui seul peut expliquer les motivations profondes, ses sentiment les plus intimes. L'incapacité du moi à dire les sentiments réels de son semblable, explique cette affirmation de Maurice Merleau Ponty (1908-1961) : « le comportement d'autrui n'est pas autrui ». Au finish, si je ne peux connaître l'autre dois-je alors me résoudre au solipsisme ?