LES CAUSES DE LA DÉCOLONISATION

II. Les facteurs externes de la décolonisation

1. L'impact des deux guerres mondiales

Les deux guerres mondiales ont consacré le déclin économique de l'Europe et entraîné une baisse de son prestige.

Les anciens combattants, en raison de leurs contacts avec d'autres peuples, y compris les Européens, ont acquis une conscience politique (esprit d'égalité, de droit et de liberté...). Sortis déçus des deux guerres mondiales pour des promesses non tenues, les anciens combattants ont initié des mouvements de révoltes et se sont mués en leaders et meneurs dans les luttes d'émancipation.

2. L'action onusienne et la conférence de Bandoeng

  • L'action de l'ONU

L'Organisation des Nations-Unies (O.N.U.) est une tribune où tous les pays sont censés adhérer à des valeurs communes prônées par l'Occident et auxquelles ils ont souscrit. Ils y sont représentés sur un pied d'égalité. Les pays coloniaux vont s'inspirer de la charte de l'atlantique[1] comme argument pour revendiquer leur indépendance. L'organisation professe le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, un droit qui n'avait que très partiellement été pris en considération à l'issue du premier conflit mondial. En outre, il faut souligner le rôle important que va jouer la Déclaration universelle des droits de l'homme (10 décembre 1948) comme ressort de l'émancipation des colonies.

Le Conseil de tutelle de l'ONU est un des six principaux organes de l'ONU : il est chargé de l'administration des territoires placés sous la tutelle des Nations unies. Ses activités sont aujourd'hui suspendues.

  • La conférence de Bandoeng

A l'ONU, est formé un groupe Afro-asiatique qui tente de promouvoir une politique indépendante des deux blocs. Il affichait la neutralité des pays asiatiques et africains dans le conflit idéologique entre les EU et l'URSS, suite à la Conférence de Bandung tenue du 18 au 25 avril 1955 en Indonésie. Les résolutions prises sont les suivantes : droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, souveraineté et égalité des nations, refus de toute pression des grandes puissances, règlement pacifique des conflits, désarmement, interdiction de l'arme atomique, condamnation du colonialisme et proposition de la création d'un fonds des nations unies pour le développement.

Elle apporte son soutien aux revendications d'indépendance du Maroc, de la Tunisie et de l'Algérie, ainsi qu'à la lutte des populations arabes contre Israël.

3. Le rôle des grandes puissances : les États-Unis et l' URSS

Les EU et l'URSS ont eu une position anticolonialiste.

  • L'anticolonialisme américain

Les EU étaient contre la colonisation pour les raisons suivantes :

- leur passé colonial : les Etats-Unis sont nés de l'émancipation des treize colonies britanniques d'Amérique du Nord (1776 -1783) ;

- les valeurs fondamentales de la Nation : liberté, égalité, justice, libéralisme tant politique qu'économique (opposé au pacte colonial), démocratie ;

- la défense des intérêts nationaux : il faut mettre fin au régime de monopole ou de privilèges économiques des métropoles (Grande-Bretagne et France essentiellement) au profit de la libre concurrence et disposer de débouchés commerciaux en Afrique.

- Empêcher l'URSS d'étendre son influence politique sur les États africains.

  • L'anticolonialisme soviétique

L'URSS était contre la colonisation pour les raisons suivantes :

- le socialisme axé sur les valeurs de dignité de l'homme, d'égalité et de justice ;

- l'idéologie marxiste : elle stigmatise l'aliénation (la colonie est spoliée au niveau de ses biens matériels et dépossédée de son identité) ; en outre, elle assimile la colonisation à l'impérialisme, considéré comme le stade suprême du capitalisme ; il faut par conséquent empêcher l'expansion du capitalisme ;

- la défense des intérêts soviétiques considérée avant tout d'un point de vue idéologique dans l'objectif de mettre dans son camp un maximum de pays et de faire des pays africains des partenaires.

  1. La charte de l'Atlantique

    L'émancipation des peuples sous tutelle coloniale est inscrite dans la charte de l'Atlantique (1941) : « respect des droits des peuples à choisir la forme de gouvernement qui leur plaît », « rétablissement des droits souverains des nations qui en ont été privés par force », « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ». L'ONU les soutient dans leur revendication car ces mêmes principes font partie de sa charte.

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