III. L'économie de l'Union Européenne
1. Les forces et les faiblesses du secteur primaire
Deuxième puissance agricole du monde derrière les États-Unis, l'Union Européenne participe activement au commerce mondial de produits agricoles. Les résultats de cette agriculture productiviste sont le fait d'un certain nombre de facteurs favorables.
Les forces de l'agriculture reposent sur :
- Les subventions européennes à travers la Politique Agricole Commune[1] qui est un système de régulation et de subvention mis en place par la communauté européenne pour augmenter les rendements agricoles tout en maintenant les revenus des exploitants.
- Une production agricole excédentaire : les productions agricoles sont excédentaires dans certains domaines. Avec un volume d'échange agricole évalué à 405 Milliards d'Euro en 2016, l'UE est le premier importateur et le premier exportateur mondial de produits agricoles notamment les produits issus des industries agroalimentaires.
Les faiblesses de l'agriculture
- Les réformes de la PAC : confrontée à d'autres espaces et à de nouvelles priorités, l'Europe a dû reformer la PAC dans les années 1980 et en 1992. Ces réformes ont consisté à : l'instauration des taxes à l'importation, des primes à l'arrachage des vignes à vin de table et des quotas limitant la production laitière, l'octroi des primes en fonction du nombre d'hectares mis en jachère,etc. L'objectif est de diminuer les excédents structurels et les dépenses agricoles. L'imposition de la réduction de la production suscite la colère des agriculteurs.
La naissance de ce nouveau système agricole va au-delà des effets économiques. L'exode rural renforcé dans les périphéries abandonne la terre agricole aux friches et aux reboisements. L'essor des jachères, l'encouragement à l'élevage extensif sur prairie naturelle contribue aussi aux mutations du paysage.
- Les rivalités commerciales avec les États-Unis : elles limitent les débouchés. Les stocks croissants de céréales, de produits laitiers, de viande sont la coûteuse rançon de prix garantis, supérieurs aux cours mondiaux.
- Les écarts de revenus : ils sont énormes entre les pays (de 1 à 6 entre le Portugal et Pays-Bas) et entre les agriculteurs souvent endettés, les céréaliers étant mieux garantis que les éleveurs. L'espace agricole se caractérise par d'importantes disparités entre régions d'agriculture moderne, puissante et exportatrice et régions marginalisées.
- La pollution : en 2015, environ 94 % des émissions d'ammoniac provenaient de l'agriculture, principalement d'activités telles que l'entreposage de fumier, l'épandage de lisier et l'utilisation d'engrais inorganiques azotés.
Les tourbières drainées pour l'agriculture dégagent des émissions de gaz carboniques (CO2) s'élevant à 100,5 Mt par an, contre 67,6 Mt pour les forêts.
Du fait de l'irrigation, l'agriculture exerce une pression majeure sur les ressources en eau renouvelables. Selon les saisons, le secteur agricole consomme plus de 50 % de l'eau utilisée en Europe.
Les nitrates présents dans les eaux de surface et les eaux souterraines proviennent pour l'essentiel de l'agriculture. Les concentrations en nitrates demeurent encore trop élevées dans plusieurs régions d'Europe, souvent celles qui pratiquent une agriculture intensive.
2. Les forces et les faiblesses du secteur secondaire
Les forces
L'industrie européenne, première du monde représente 20% de la valeur et de l'emploi industriel du monde. Le secteur emploie 30% des actifs. Les forces se résument en :
- Une puissance énergétique : l'UE est richement dotée en charbon. L'UE dispose d'importants champs pétrolifères en mer du Nord qui sont exploités principalement par le Royaume-Uni, et de quelques sites de production de gaz naturel.
L'UE est une puissance énergétique non pas par la disponibilité de l'énergie mais par les moyens de production. 3 des 5 plus géants exploitants de pétrole sont de l'Union (BP, Shell et Total-SA).
32,65% des 438 centrales nucléaires existantes dans le monde appartiennent à l'UE. Elle compte le plus grand nombre de parcs : le groupe AREVA est la première firme nucléaire du monde.
- un grand producteur d'énergies renouvelables : en 2017, la production primaire d'énergies renouvelables dans l'UE s'élevait à 226,5 millions de tonnes-équivalent pétrole (tep). La production d'énergie renouvelable dans l'UE a progressé au total de 64% entre 2007 et 2017, ce qui équivaut à une augmentation moyenne de 5,1 % par an.
- Des entreprises dynamiques et prospères : les entreprises européennes sont parmi les plus dynamiques et les plus importantes du monde. Du fait de la délocalisation des unités de production vers des pays à coûts salariaux faibles ou sur des marchés à conquérir, elles sont présentes dans le monde entier.
L'Union Européenne s'impose dans certains secteurs : la sidérurgie (20% de l'acier mondial), l'industrie chimique (première du monde), la production automobile (2ème du monde), l'industrie agroalimentaire.
Des firmes européennes ont pu racheter des entreprises américaines ou japonaises (Renault et Nissan, Daimler, Chrysler et Mitsubishi). Dans le domaine de l'électronique, la marque NOKIA occupe le 8e rang mondial avec une estimation de 29 milliards de dollars.
Les succès de la CECA à partir de 1951, ceux de la coopération européenne autour d'Airbus (Industrie ou d'Arianespace) qui conquis la moitié du marché mondial des lancements de satellites contribuent au renforcement de la cohésion communautaire et l'intégration des pays voisins.
- un secteur industriel diversifié : l'industrie européenne couvre aussi bien les secteurs traditionnels ( le textile) que les secteurs modernes (l'électronique). On peut citer l'industrie automobile[2], l'aéronautique civile et militaire,[3] l'industrie pétrolière[4], l'industrie nucléaire[5]...
Les faiblesses
L'UE est dépendante de ses anciennes colonies pour le pétrole et les matières premières tropicales comme le cacao, l'hévéa, le coton.
Elle est encore fortement dépendante des importations, notamment du pétrole brut du Moyen-Orient et d'Iran, du gaz de Russie et d'Afrique du Nord, ainsi que de l'uranium brut destiné à être traité et utilisé dans ses nombreuses centrales nucléaires.
Les industries traditionnelles comme l'exploitation de charbon, la sidérurgie, le textile sont en crise avec comme conséquence le chômage dans des régions entières (les Pays Noirs au Royaume Uni, la Wallonie en Belgique).
Les Industries automobiles et électroniques subissent la concurrence japonaise, tandis que celles informatiques et aéronautiques font face à la concurrence des États-Unis. En outre, le marché de l'UE est envahi par le textile chinois.
L'exception faite du domaine aérospatial, la coopération industrielle reste faible au sein de l'UE.
3. Les forces et les faiblesses du secteur tertiaire
Les forces du secteur tertiaire
L'UE a un secteur tertiaire puisant qui emploie 60% des actifs. Ce secteur comporte les sous-secteurs du commerce, des transports, du tourisme,...
L'UE est aujourd'hui la première puissance commerciale du monde, devant la Chine et les États-Unis. A eux trois, ils représentent près de la moitié (45%) du commerce international (Eurostat).
Hors commerce intra-communautaire (qui représente le double du commerce extérieur), les échanges de biens (exportations et importations) de l'UE avec le reste du monde représentent environ 15% du commerce mondial de biens. Sa balance commerciale, excédentaire depuis 2013, atteint alors 19 milliards d'euros.
En 2017, les exportations européennes faisaient 15,1% des exportations mondiales, et ses importations 15, 8% des exportations mondiales.
Ses principaux partenaires commerciaux sont les États-Unis, plus importante destination des exportations européennes en 2018, puis la Chine, la Suisse, la Russie et la Turquie. Avec le Japon et la Norvège, ces marchés représentent plus de la moitié des exportations de biens européens. Ces sept pays sont également les plus grands fournisseurs de biens importés par l'Union européenne, la Chine se classant ici au premier rang.
- Les transports
L'UE dispose d'un réseau de transport performant. Il est développé autour d'un réseau autoroutier dense, de grands ports mondiaux (Amsterdam, Marseille, Rotterdam, Liverpool). De grands aéroports (Francfort, Paris, Londres, etc.), des tunnels (Alpins, sous la Manche ouvert depuis 1994), le réseau de Trains à Grande Vitesse sont autant d'infrastructures qui favorisent le développement des échanges au sein de l'UE et avec le monde.
- Le tourisme
En 2017, les destinations de l'UE ont accueilli 538 millions de visiteurs internationaux, soit 40 % du total mondial. Les établissements d'hébergement de l'UE fournissent plus de trois milliards de nuitées par an. Le tourisme représente 6 % des exportations totales de l'UE, tandis que la contribution directe du tourisme au PIB atteint 11 % dans certains pays de l'Union.
Les faiblesses du secteur tertiaire
Le secteur tertiaire subit fortement les crises du système capitaliste. La crise de 2008 a entraîné la faillite et une récession dans certains États. Le secteur est affecté par une contagion rapide des problèmes économiques. En outre, il est caractérisé par une faible protection sociale. Les prises de mesures d'austérité entraînent une augmentation des taxes et impôts et des coupes salariales.