Cours de Philosophie, Tle A : L'Existence et la Mort

Clarification conceptuelle 

  • L'existence

    Exister et être sont des termes apparemment équivalents. Ils peuvent signifier être réel, présent. A partir de là nous pouvons dire que les choses existent ou qu'elles sont. Toutefois, cette équivalence est trompeuse. En effet, être peut signifier essence c'est-à-dire ce qui constitue la nature permanente et immuable d'une chose, c'est ce qui est stable et fixe. Du latin « esse », il renvoie à ce qui est authentique c'est-à-dire à ce qui subsiste par soi. Or, le terme existence quant à lui dérive de « ex-sistere » qui signifie se tenir hors de. A partir de son étymologie, l'existence se comprend comme un projet, une ouverture. C'est choisir d'être le maître de son avenir. C'est décider. Cela conduit plusieurs philosophes tels que Martin Heidegger, Jean-Paul SARTRE à la poser comme un mode d'être qui est propre à l'Homme. Autrement dit, seul l'Homme existe. Il est le seul qui existe car doté d'une conscience, il a le privilège de se représenter sa propre existence, il la prend pour objet de réflexion. Si l'existence est le propre de l'Homme, qu'est ce qui la caractérise concrètement ? La réponse à cette question a donné naissance à un courant philosophique dénommé « existentialisme. »

    L'existentialisme est un courant de pensée qui accorde une primauté à l'existence et à la liberté de l'Homme. Il se donne pour objectif d'analyser l'existence humaine pour mettre à nu sa spécificité.

    Pour ce courant de pensée, l'existence est caractérisée par la contingence et l'absurdité. Est contingent, ce qui est un accident, ce qui n'a pas en soi sa raison d'être. Est absurde ce qui n'obéit pas à une explication logique. Selon ALAIN : « exister, c'est quelque chose ; cela écrase toutes les raisons « (...) aucune raison ne peut donner l'existence, aucune existence ne peut donner ses raisons. » (« Propos du Ier avril » in Propos d'un Normand, 1906-1914, Paris, Gallimard, 1956). Nous pouvons conclure que l'existence humaine n'est pas prédéterminée, prédestinée. C'est dans ce sens que Jean-Paul SARTRE soutient que « l'existence précède l'essence. » (L'existentialisme est un humanisme, Nagel, 1968). En d'autres termes, l'existence ne tend vers aucun but déterminé : elle est imprévue et imprévisible. Pour Jean-Paul SARTRE, l'Homme se construit librement à partir des situations qu'il traverse. Il n'y a aucun destin puisqu'il n'y a selon Jean-Paul SARTRE aucun dieu pour le concevoir. Il affirme : « l'Homme n'est rien d'autre que son projet, il n'existe que dans la mesure où il se réalise, il n'est rien d'autre que l'ensemble de ses actes, rien d'autre que sa vie. » (SARTRE, idem)

    L'Homme a une existence dynamique et la conscience de son existence le conduit devant la réalité de la mort qui se présente comme un destin irrévocable. Cela pourrait nous conduire à s'interroger sur la nature de la mort.

  • La mort

    La mort est un phénomène qui défie la pensée humaine depuis toujours dans la mesure où elle est complexe. Elle est non seulement intimement liée à la vie, mais aussi totalement son contraire. Comment peut-on appréhender la mort ?

    Du latin mors, la mort signifie la fin de la vie. De manière générale, la mort est perçue comme l'antithèse de la vie. Le corps mort est inanimé, inerte, raide, déserté par le mouvement, le souffle vital. Cependant, une telle définition semble avoir des limites. Suffit-il que le corps soit éteint, inanimé pour qu'il y ait mort effective ? La science nous démontre qu'il y a des possibilités de réanimer des personnes que l'on croyait mortes. La médecine définit alors la mort comme l'arrêt des fonctions cérébrales et cardiaques caractérisé par un électroencéphalogramme plat. Il y a transformation de l'organisme en cadavre qui engendre la désintégration de l'individualité biologique.

    Les biologistes nous apprennent que la mort est en nous et qu'elle est même la condition de la vie à travers le renouvellement cellulaire qui implique la mort de milliers de nos cellules. C'est ce que François JACOB mentionne quand il affirme que « le programme génétique prescrit la mort de l'individu dès la fécondation de l'individu. » (La logique du vivant, Gallimard, 1970). Cela revient à dire que la mort intervient depuis notre conception à tout moment comme renouvellement de nos cellules ou comme arrêt de notre vie. Michel de MONTAIGNE dans Les essais insistait déjà sur le lien qui existe entre la vie et la mort lorsqu'il écrivait : « tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu meurs de ce que tu es vivant. »

    Par ailleurs, le philosophe Heidegger a montré la précarité de l'existence en affirmant que « tout Homme dès qu'il naît, est déjà assez vieux pour mourir. » (Être et temps, traduit de l'allemand par François Vezin, Gallimard, Paris, 1986). La mort n'est donc pas un phénomène qui advient en fonction de l'âge mais une conséquence de la vie. Nous conviendrons donc avec Heidegger que « l'Homme est un être-pour-la mort. » Toute vie si jeune, si belle ou si intelligente soit-elle porte en elle le sceau de la mort. Cette réalité est brillamment traduite par Frédéric Titinga PACERE dans un recueil de poèmes intitulé « du lait pour une tombe » (Silex, 1984). La mort étant inéluctable, quelles sont les différentes attitudes de l'Homme face à elle ?

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