Cours de Philosophie, Tle A : L'Existence et la Mort

La mort comme condition du sens de l'existence

La mort au-delà de son caractère tragique peut être ce qui donne un sens à la vie. En effet, la question du sens de la vie ne se pose que parce que l'Homme est mortel. Cela signifie que l'existence n'a de sens que parce que nous disposons d'un temps limité. Si l'Homme donne une orientation à sa vie, s'il s'efforce de vivre d'une certaine manière c'est parce qu'il se sait mortel. Et devant cette tragédie, il adopte certains comportements et c'est ce qui donne un sens à son existence.

  • Le divertissement

    Le premier comportement est celui qui consiste à prendre la vie à la légère : il s'agit de rechercher immédiatement la satisfaction des plaisirs. C'est donc une invite à songer moins à la mort et à l'angoisse qu'elle génère. Vu le caractère précaire de l'existence, mieux vaut en profiter sans relâche. Aussi, s'agit-il de profiter des plaisirs mondains à l'instar de l'invite pressente de Denis DIDEROT « boire de bons vins, se gorger de mets délicats, rouler sur de jolies femmes. » Vu que la mort dans son projet ne fixe guère de rendez-vous, autant « cueillir dès aujourd'hui les roses de la vie » comme nous recommandait Pierre RONSARD. Autrement dit, il faut jouir de l'instant sans relâche.

  • Le sérieux

    Une autre attitude qu'adopte l'Homme face à la mort consiste à accorder du sérieux à l'existence : il s'agit de se fixer des valeurs et vivre conformément à celles-ci. Il s'agit alors de privilégier la raison dans cet exercice. Cela implique qu'il faut tenir compte de la société et de ses normes dans toutes ses actions. Être tempéré, être modéré, être modeste ...

    Aussi, la pensée de la mort nous conduit à la prise de conscience de la fragilité et de la valeur de la vie. Ce qui nous pousse à poser des actes pour survivre après notre mort. Ainsi, l'existence n'a-t-elle de sens que parce qu'elle est limitée par la mort. La mort stimule l'existence et fermente notre volonté et nous incite à nous réaliser vite et bien. Par exemple, la procréation, les créations artistiques, les découvertes scientifiques, les recherches historiques, les théories philosophiques sont des stratégies développées par les Hommes pour transcender la mort. C'est justement parce que nous ne sommes pas éternels que nous travaillons à organiser notre temps et à produire pour la postérité. Sören KIERKEGAARD nous le dit en ces mots : « l'idée de mort est une invite à l'action. » (Traité du désespoir, Gallimard, 1990). L'existence humaine est donc intimement liée à la mort et c'est parce qu'il y a mort qu'il y a action.

    Si la mort est inévitable et reste la destination finale de tout individu, il ressort que certaines personnes la désirent au point de se la donner ou de la donner aux autres. De tels actes sont-ils légitimes ?

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimerRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)