Les manifestations de la Justice
Remarque :
La notion d'égalité ou d'équilibre ne peut être établie que sur une base précise qui est pourtant difficile à définir. Pour éviter la subjectivité dans le jugement et pour que chacun ne se sente pas lésé, on a estimé que tous les individus étant égaux devant la loi, il faut la méthode mathématique pour quantifier, qualifier aussi bien les actes que les sanctions. On voit donc qu'on a essayé d'établir la méthode mathématique dans les rapports des hommes. Une telle méthode fait de la justice le lieu d'un partage équitable et s'oppose du même coup à l'impérialisme des tendances égoïstes où chaque être vivant tend à s'affirmer au dépend des autres. C'est ainsi que depuis Aristote, on distingue trois formes de justice :
La Justice commutative
Elle considère d'abord les individus comme étant égaux. Ainsi, quand deux personnes sont en situation d'échange, l'égalité recherchée à travers les termes échangés vient confirmer l'égalité des personnes qui échangent. De plus, la justice commutative considère que les objets échangés doivent avoir des valeurs égales. Par exemple, on peut échanger un sac de maïs contre un sac de mil quand on considère que les deux sacs ont la même valeur. C'est parce que chacun d'eux a les mêmes droits qu'aucun des échangeurs ne doit être lésé. La justice commutative serait donc l'idéal si elle ne basculait pas dans l'égalitarisme. Ainsi, elle ne convient pas totalement aux hommes ou du moins elle est difficilement applicable dans la réalité et dans les faits. Car l'expérience nous montre qu'il est difficile d'obtenir un équilibre mathématique entre les hommes ou les objets en rapport. En effet, la quantité d'un objet n'a rien à avoir avec sa qualité. La justice commutative voudrait qu'il ait la même quantité et la même qualité. Or la qualité relève du sentiment, de la subjectivité tandis que la quantité relève de la mesure donc de l'objectivité.
La Justice distributive
Elle vise à récompenser chacun par rapport à son mérite. Ainsi je dois donner à une bonne copie une bonne note et à une mauvaise copie, une mauvaise note. La justice distributive prend donc en compte certaines inégalités et fait la distribution en conséquence. La justice distributive veut assouplir la stricte égalité de la justice commutative par une justice proportionnelle.
La Justice répressive
Elle vise à établir une proportion entre l'acte et la sanction pour des préjudices causés à autrui. Dans sa forme primitive, ce type de justice faisait intervenir un souci de proportion mathématique entre les actes et les mérites. La justice répressive rembourse à l'agresseur l'équivalent de ce qu'il a posé. C'est pourquoi elle est résumée par ‘'la loi du Talion : œil pour œil, dent pour dent. ‘' Les individus étant au départ égaux, il faudrait qu'ils demeurent égaux en tout temps dans le bonheur tout comme dans le malheur. Comme la justice distributive, la justice répressive veille à la bonne répartition des récompenses et des châtiments. Elle est la moins comprise et cela parce que non seulement le juge est attentif à la gravité des actes commis mais aussi il est surtout regardant par rapport au degré de culpabilité de la personne fautive et aux objectifs de rééducation. Toutefois, dans sa forme moderne, la justice répressive prend en considération les forces majeures irrésistibles qui amènent l'individu à agresser, à se défendre ou à se protéger.
Synthèse
Aucune des formes de justice ne peut s'appliquer aux hommes dans la société sans créer l'injustice que l'on veut combattre. Les rapports humains ne peuvent être quantifiés, c'est-à-dire exprimer en termes mathématiques. Ils sont plutôt qualifiables, c'est-à-dire évalués subjectivement et à ce titre il faut souligner que les êtres humains ne sont pas des êtres mathématiques. Lorsque nous voulons à tout prix avoir une égalité mathématique, nous basculons dans l'égalitarisme, c'est-à- dire que nous ignorons les inégalités tant naturelles qu'artificielles qui distinguent les hommes les uns des autres.
En effet, il y a des différences notables qui existent chez les hommes puisque tous les hommes n'ont pas les mêmes dons, les mêmes talents, les mêmes qualités. Il faudra donc que la véritable justice en tienne compte. Cependant, il convient de ne pas confondre ces différences naturelles avec les inégalités naturelles.